Georges Fotinos, Inspecteur Général de l’Éducation Nationale (IGEN), a publié de nombreux rapports et ouvrages autour de la thématique du climat scolaire. Pour lui, le climat scolaire influe fortement sur la réussite des élèves. Le Sgen-CFDT a voulu en savoir plus.
Pour le Sgen-CFDT, le climat scolaire est un enjeu majeur pour la réussite scolaire et le bien-être des personnels. L’entretien mené avec Georges Fotinos nous a permis de confirmer que le climat est bien l’affaire de tous.
Climat scolaire : de quoi parle-t-on ?
Avant de répondre à la question de l’influence du climat scolaire sur la réussite des élèves, Georges Fotinos a tenu à définir la notion, une approche nécessaire au vu du sujet.
Pour lui, six facteurs peuvent être à l’origine d’un bon ou d’un mauvais climat scolaire :
- la qualité du bâtiment scolaire : la luminosité de ses classes, sa vétusté, sa propreté ou l’état des escaliers et des parties communes. Ces éléments ont une incidence sur le moral des personnes fréquentant l’établissement : enseignants et élèves notamment.
- la relation entre les enseignants et les élèves qui relève d’un système social mais aussi du partage des normes, du sens de la communauté.
- le niveau du moral et d’engagement des enseignants et ce, même si ce facteur est parfois complexe à analyser.
- les questions d’ordre et de discipline : plus les questions sont tendues, plus le climat scolaire est dégradé.
- Les problèmes de violence, de harcèlement, de brimade et d’intimidation entre les élèves mais aussi entre ces derniers et les enseignants.
- l’engagement des élèves : leur participation en classe, l’absentéisme, la manque d’assiduité, de travail.
Ces six critères sont indissociables l’un de l’autre.
Il convient de les travailler de concert pour permettre un climat scolaire serein.
Pour le Sgen-CFDT, porteur d’un syndicalisme de proximité, chaque collectif de travail, à son niveau doit s’emparer de la question pour favoriser la climat scolaire interne.
Climat scolaire et violence scolaire, deux éléments d’un tout
Pour Georges Fotinos, quand on pense climat scolaire, on associe ce concept à la notion de violence scolaire. Dès lors, cette violence, n’est-elle pas une réponse à une situation insupportable ?
Si l’ambiance n’est plus vivable dans l’établissement, la réponse apportée est quasiment toujours d’ordre sécuritaire. Il convient, pour lui, de passer par une analyse systémique et globale des causes de la violence et pour cela, il faut cerner deux champs d’actions :
- le champ scolaire
- le champ social et familial
Au milieu de ces deux champs peuvent se trouver les éléments déclencheurs de la violence mais on ne peut exclure l’un au profit de l’autre.
Ainsi, l’exemple de Trappes est frappant. Lors d’une étude, Georges Fotinos a travaillé sur deux collèges d’un même quartier situés à 600 m l’un de l’autre. Le contexte social et familial des élèves accueillis était donc similaire et pourtant les approches de résolution des dysfonctionnements diamétralement opposées. Dans l’un, quasiment aucun conseil de discipline par année scolaire ; dans l’autre, 60 donc une approche répressive des dérives faîtes au règlement intérieur de l’établissement.
Une approche que Georges Fotinos ne peut cautionner car pour lui : la mission des enseignants est d’éduquer et non d’exclure.
La mission des enseignants est d’éduquer et non d’exclure
Un traitement des problèmes différents suivant le lieu où il se déroule
Mais son analyse ne s’arrête pas là. L’implantation d’un établissement, le public accueilli a une influence forte sur la politique répressive de l’établissement. Ainsi, une vitre cassée dans un établissement de Trappes ne sera pas forcément traitée de la même façon dans un établissement du 16ème arrondissement de Paris. Si le fait existe, il prend des proportions différentes en fonction du contexte social.
Alors quels éléments sont moteurs pour favoriser un bon climat scolaire ?
Pour Georges Fotinos, l’Éducation nationale rejette trop souvent la violence sur l’extérieur de ses enceintes scolaires. Pourtant l’établissement scolaire est un lieu central du territoire. C’est en créant des partenariats que l’on peut souvent réguler les difficultés.
Vivre ensemble au delà des murs scolaires est un facteur de climat scolaire serein. Il abonde en cela la position du Sgen-CFDT sur la nécessité d’ancrer l’établissement dans un territoire. C’est aussi en lui laissant une autonomie pour adapter ses instances à sa réalité.
Cela va aussi de pair avec la nécessité que chacun développe un sentiment d’appartenance à son établissement. Pour cet Inspecteur Général, cela passe inévitablement par l’élaboration d’une charte de vie dans l’établissement qui définit les droits et les devoirs de chacun. En cela, le conseil de vie collégienne ou lycéenne est pour le Sgen-CFDT un élément central d’appropriation par chaque élève.
Une charte de vie doit être élaborée dans chaque établissement
Chacun doit ainsi se sentir concerné aussi bien les adultes que les élèves. En étant acteur dans la rédaction de ce document, chacun se sent directement concerné par la nécessité de son respect.
Ces chartes doivent être portées par tous mais c’est bien le pilotage exercé qui permettra de développer des dispositifs de validation du projet et donc sa prise en compte collective. Le Conseil Pédagogique a en cela, pour le Sgen-CFDT, un rôle central à tenir. Amener les enseignants à échanger dans les collèges ou lycées à la relation qu’ils entretiennent avec leurs élèves permet de construire un mode de fonctionnement unique, source de repères pour l’élève.
Enfin, le dernier axe nécessaire pour favoriser un climat scolaire serein est d’impliquer les familles. En effet, pour Georges Fotinos, le fait de les associer aux situations problématiques réduit les difficultés. Dès lors, les familles ne se sentent pas dans le rejet et participent pleinement à la remédiation même et surtout en cas de sanction. Ainsi, la notion de vivre ensemble est portée tant à l’intérieur de l’enceinte scolaire qu’à l’extérieur. C’est aussi la confiance qui est instaurée, une confiance mutuelle et la constitution de valeurs communes.
Un climat scolaire serein entraine une meilleure réussite des élèves
Le climat scolaire, la violence à l’école et la réussite académique sont donc des constructions multidimensionnelles qui s’entrecroisent. Pour le Sgen-CFDT qui rejoint l’analyse de Georges Fotinos, chaque membre de la communauté éducative doit se sentir impliqué dans l’établissement. Il convient, d’autre part, d ne pas rejeter sur l’autre tel ou tel problème. Il faut réfléchir ensemble aux solutions, dans la sérénité, le dialogue et sans jugement à priori. La réussite scolaire et la sérénité des établissements passent par de telles exigences.
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