Les mesures proposées pour supprimer le tirage au sort à l'entrée à l'université semblent reposer presque exclusivement sur le lycée. Les proviseurs et leurs équipes qui faisaient déjà un gros travail d'orientation vont devoir en faire encore plus sans en avoir les moyens.
Le plan étudiants présenté le 30 octobre 2017 par le 1er ministre et les ministres de l’enseignement supérieur et de l’Éducation nationale va faire peser sur les personnels de direction des lycées des charges qu’ils ne sont pas en mesure d’assumer.
A croire que le ministre de l’Éducation nationale ignore, d’une part tout le travail de préparation à l’orientation qui est mené dans les lycée et d’autre part la surcharge de travail qui est déjà le quotidien des personnels de direction.
Le travail d’orientation que doivent mener les lycées doit s’inscrire dans une transformation du lycée et du baccalauréat. Les actions présentées par les ministres empilent les contraintes que les personnels de direction ne seront pas en mesure d’assumer.
Semaines de l’orientation.
Il est demandé à chaque lycée d’organiser deux semaines de l’orientation, une avant les conseils de classe du 1er trimestre, l’autre avant les conseils du 2nd trimestre. Pour le 1er trimestre, c’est tout simplement irréaliste, les conseils de classe étant déjà programmés fin novembre.
Heureusement que les équipes n’ont pas attendus les annonces ministérielles pour mener des actions dans le cadre du Parcours Avenir des lycéens : portes ouvertes, rencontres avec l’enseignement supérieur, immersions en classes de 1ère, intervention d’anciens élèves, forums…
Deux professeurs principaux en terminale
Une mesure qui pour le grand public peut paraitre de bon sens. C’est méconnaitre la difficulté des personnels de direction à trouver des professeurs principaux pour toutes les classes de lycée.
Faire peser cette charge sur les personnels de direction c’est leur demander de faire ce qu’il n’ont pas les moyens d’exiger de leurs équipes.
Développer le tutorat aurait semblé plus opportun.
Fiche avenir
Une fiche à remplir pour chaque vœu formulé. Une accumulation annoncée de contraintes qui risque de submerger les établissements sous un formalisme procédural.
Une nouvelle plate-forme pour remplacer APB
Le mois de novembre et de décembre sont les moments où dans les lycées on explique aux lycéens comment ils pourront formuler leurs vœux. Pour l’instant les personnels de direction sont dans l’ignorance totale des modalités qui présideront à l’organisation de la nouvelle plate-forme.
Cette plate-forme n’ouvrira qu’en janvier 2018 et recensera les dates des portes ouvertes des établissements de formation post-bac.
A espérer que les équipes auront anticipé ces dates essentielles pour aider les lycéens dans leurs choix…
Les voeux seront limités à 10 mais non hiérarchisés, quelle cohérence avec un projet d’orientation où l’élève doit définir ses priorités.
Des réponses qui seront OUI, NON, en attente…. Et des OUI SI… On parle de simplification…
Une affectation avant et après le Bac avec une interruption pendant les épreuves : des élèves qui pourront composer sereinement et d’autres pas?….
Les avis du conseil de classe
Un avis à formuler en conseil de classe du 2nd trimestre sur chaque demande formulée. C’est ignorer le temps que pourrait durer les conseils de classe si chaque voeu doit être examiné en fonction des attendus définis par l’université.
Il n’est pas précisé quelle sera la nature de cet avis et si l’université le prendra en compte. Si oui, de quelle façon?
Le conseil de classe du 1er trimestre devra prendre connaissance des intentions des élèves et sur un document interne (donc à construire) l’équipe éducative formulera des conseils et des recommandations. Qui doit construire ce document interne? le chef d’établissement? le Professeur principal?….
Des ambassadeurs étudiants
Des volontaires du service civique pourraient intervenir auprès des élèves, sous la responsabilité d’un Psy-EN, en EPLE ou en CIO.
Qui va les recruter? Encore les chefs d’établissement?…
Quel serait leur statut d’ambassadeur étudiant puisqu’on ne peut pas être étudiant et en service civique?….
Le Sgen-CFDT rappelle que les équipes de direction des lycées ainsi que les équipes éducatives effectuaient déjà un travail énorme pour aider les lycéens à construire leurs parcours d’orientation. L’empilement des mesures annoncées ne peut répondre à la construction d’un véritable continuum Bac+3 Bac -3 et ne va que faire peser de nouvelles contraintes sur les personnels de direction qui sont déjà surchargés de travail.
Communiqué de presse 9 novembre 2017: le principe du dernier mot consolidé par le Sgen-CFDT : lien