Après un détricotage de la réforme du collège de 2017, une réforme du lycée dont la mise en oeuvre est toujours plus difficile et une 2ème réforme de la voie pro qui inquiète, que fait le gouvernement avec le collège ?
Pas de réforme de grande ampleur prévue pour le collège ! Ouf !!
Pourtant notre ministre l’a dit : « le collège est la priorité ». Entendez par là : il va falloir changer les choses, les résultats ne sont pas bons…
C’est alors qu’une avalanche de nouvelles mesures, bien plus que des ajustements, sont annoncées et mettent le feu aux poudre dans les collèges depuis le mois de janvier. Des annonces en pagaille, des textes officiels qui arrivent au compte-goutte et la rentrée qui approche…
Petit florilège
- Suppression de la technologie en 6ème et remplacement par un renforcement maths/français (+d’infos)
- Renforcement prévu de la technologie en cycle 4 pour la rentrée 2024 (+d’infos)
- Nouveaux programmes de sciences en cycle 3 (+d’infos)
- Intervention des PE possible pour le renforcement en collège en 6ème (+d’infos)
- Rajout de 2h de sport hebdomadairement (+d’infos)
- Généralisation de ‘Devoirs faits’ en 6ème (+d’infos)
- Evaluations nationales 4èmes (+d’infos)
- Renforcement de la mixité sociale (+d’infos)
- Découverte des métiers en cycle 4 (+d’infos)
A cela vont s’ajouter
- de nouveaux statuts pour les AESH (+ d’infos)
- la mise en place du PACTE qui va alourdir la charge de travail (+ d’infos)
- la suppression de nombreux postes (+ d’infos)
Cette rentrée 2023 ne s’est jamais aussi mal présentée !
Alors prenons les choses dans l’ordre
Comme vous allez le constater, toutes ces nouvelles mesures, vont aggraver ou fragiliser nos conditions de travail tant le ministère en rajoute encore et encore … sans recruter de nouvelles personnes !
1 – Suppression de la technologie en 6ème et remplacement par un renforcement maths/français
Cette mesure a été prise dans la précipitation, face au manque d’enseignants dans la discipline. On se demande pourquoi depuis 2013 il n’y a plus de postes offerts au concours du Capes de technologie !
Le renforcement a été imaginé pour boucher ce trou alors que les résultats des évaluations des élèves en 6ème ne sont pas bons. Pourquoi ne pas reparler dans ce cas de la suppression de 2h par semaine au primaire (au profit de l’aide personnalisée qui s’éteint peu à peu) et de la quasi disparition du Rased ?
Problème : dans la plupart des collèges ce sont les professeurs de technologie qui initient les jeunes 6èmes à l’utilisation de l’ordinateur, et qui notamment leur donnent leurs identifiants et leur apprennent à accéder au réseau, à l’ENT …
2 – Renforcement prévu de la technologie en cycle 4 pour la rentrée 2024
Devant le tollé général, l’administration s’est empressée de préciser qu’en compensation, la technologie sera ‘renforcée‘ dans les autres niveaux (5, 4 et 3ème). Rapidement, tous les acteurs ont du avouer qu’il n’y aurait pas d’heures de plus mais un programme remanié.
Cela ressemble à un naufrage annoncé.
3 – Nouveaux programmes de sciences en cycle 3
Le projet des nouveaux programmes de sciences en 6ème laisse pantois tant il est mal ficelé (notion de cycle, pas de repères …). De plus, il contient encore de la technologie, qui sera forcément laissée aux enseignants de CM1-CM2, pourtant mal équipés en matériel et non aidés par des groupes allégés, avec souvent des niveaux multiples.
Cela n’est pas sérieux, de l’aveu même des Ipr.
4 – Intervention des PE possible pour le renforcement en collège
L’ironie est à son comble quand il est annoncé que des professeurs des écoles volontaires pourront intervenir en collège, en maths/français en ce qui concerne l’approfondissement 6ème. De nouvelles contraintes d’emploi du temps risquent donc d’apparaître au collège, étant donné que les PE sont tout de même occupés dans leurs écoles, et ont suffisamment de travail même le mercredi !
Il est même suggéré dans certains départements, que les directeur.trice.s d’école pourraient se libérer lors de leur journée de décharge pour la direction d’école ! No comment …
5 – Rajout de 2h de sport hebdomadairement
Devant la sédentarité constatée chez les jeunes, aggravée par la période covid, ce projet fait fi de toute l’organisation déjà en place autour de l’EPS et de l’AS, qu’il faudrait soutenir et renforcer. Sans parler des installations souvent défaillantes …
Encore un dispositif décidé en urgence, sans consultation des représentants ni des offres territoriales. Heureusement, qui n’est prévu que pour les collèges volontaires. Pour l’instant 170 collèges l’ont expérimentés et 700 feront partie du test l’an prochain.
6 – Généralisation de ‘Devoirs faits’ en 6ème
Rendre obligatoire ce dispositif en 6ème, selon une durée variable, par des professeurs volontaires, semble plus compliqué que prévu.
En effet, concilier la demande et l’offre risque de représenter une gageure pour les personnels de direction.
Question : est-ce encore un effet d’annonce suivi de pas grand chose ?
7 – Evaluations nationales 4èmes
Encore évaluer les élève en maths/français ? On en vient à se demander si l’on ne va pas évaluer les élèves chaque année à ce rythme …
Décidément, ce type de dispositif ne trouve l’adhésion chez personne, car trop précoce dans l’année, inutile et chronophage. Les autres pays européens sont en train de l’abandonner.
Faire confiance aux équipes serait un bon début !
8 – Renforcement de la mixité sociale
Le ministre a déjà diminué ses ambitions au minimum après de grands effets d’annonce. Le privé sera concerné uniquement sur la base du volontariat ce qui compromet le dispositif…
C’est dommage, car l’enjeu de la mixité est essentiel pour l’avenir de nos jeunes et du système éducatif.
9 – Découverte des métiers en cycle 4
Ce projet, voulu par le Président, va permettre de placer l’information sur les métiers au coeur des années collèges, progressivement à partir de la 5ème.
Même si le Sgen-CFDT défend le dossier du parcours avenir, la mise en place nous semble lourde et le rôle des chefs d’établissement nous semble extrêmement important. Il reste encore à savoir qui va faire quoi et comment va se faire la rémunération. Grâce au Pacte dont personne ne veut ?
Pour le Sgen-CFDT, ce serait l’occasion de mettre en place des décharges pour les enseignants impliqués, mais ce mot n’est à priori pas dans le vocabulaire du ministère, qui préfère toujours nous proposer du plus …