Depuis l’annonce des premiers résultats le 22 mai, Parcoursup a suscité beaucoup d’interrogations, de stress mais aussi de débats. Pour le Sgen-CFDT, si le dispositif est certes perfectible, il témoigne surtout de problèmes structurels plus vastes auxquels il est urgent de s’attaquer.
Le principal paradoxe de Parcoursup est celui-ci : alors que le système est critiqué pour son opacité, on n’a jamais aussi bien vu comment se déroulait l’entrée dans le supérieur. Au final, lorsque la procédure sera terminée, peu de choses auront probablement changé dans l’affectation des lycéens et lycéennes en premier cycle. Les principales modifications viendront des différences de stratégies mises en place suite à l’absence de classement a priori des vœux d’une part, et du remplacement de la sélection par tirage au sort par une sélection sur dossier pour les filières universitaires en tension, relativement peu (mais toujours trop) nombreuses, d’autre part.
Pourtant, entre temps, c’est un petit séisme qui a secoué les élèves et les communautés éducatives, tant au lycée que dans le supérieur. Un séisme dont l’ampleur a sans doute été un peu exagérée par le traitement médiatique, mais un séisme bien réel.
La violence d’un système qui n’a pas attendu Parcoursup pour être sélectif
Car ce qui est apparu depuis le 22 mai, c’est toute la violence d’un système qui n’a pas attendu Parcoursup pour être d’ores et déjà très sélectif. Le choix a posteriori de leur affectation par les élèves ayant reçu des propositions a non seulement ralenti la procédure d’affectation, il a surtout permis de mieux voir ce qui était jusqu’ici plus ou moins subtilement masqué : les profondes inégalités à l’entrée dans le supérieur et au sein de ce dernier.
Il y a donc désormais ceux qui ont des propositions dès fin mai, peuvent choisir rapidement où ils étudieront et vont s’orienter majoritairement vers des filières sélectives qui n’ont pas attendu Parcoursup pour sélectionner et le faisaient jusqu’ici dans une opacité bien plus grande. Et puis il y a les autres, ceux qui attendent que les places, majoritairement en STS et en IUT, se libèrent. La grande majorité d’entre eux obtiendront une place. Mais après une phase d’autant plus douloureuse, en termes de stress et d’estime de soi, qu’elle aura été assez mal accompagnée en termes de communication et d’information et que beaucoup ne s’attendaient pas à voir les effets de la compétition scolaire ainsi dévoilés.
Dans ce cadre, le Sgen-CFDT a tenu d’abord à informer et accompagner les personnels pour leur permettre de mener au mieux leurs missions.
Premier bilan de Parcoursup
Il faudra évidemment attendre pour faire un bilan plus global de Parcoursup, mais des éléments apparaissent peu à peu. Des points semblent d’ores et déjà à améliorer. Cela va de l’information des élèves et des collègues à la lenteur avec laquelle les places se libèrent, génératrice d’un stress et d’une tension importantes, en passant par l’obligation de classement dans des filières dont on sait d’ores et déjà qu’elles ne sont pas en tension.
Il y a des points positifs qu’il faudra confirmer, tels les dispositifs d’accompagnement, ce qu’on appelle les fameux « OUI SI ». Il faut les développer et leur donner véritablement les moyens d’exister pour permettre un accompagnement des plus fragiles, nécessaires pour ne pas construire des tuyaux fermés, et laisser l’orientation se faire progressivement, avec un droit à l’erreur accepté.
Il y a beaucoup de choses qui ont été reprochées à Parcoursup et dont la plateforme n’est pas vraiment comptable. Qu’il y ait beaucoup d’élèves dans l’incertitude début juin à l’orée du bac, c’était aussi le cas l’an dernier. Plus que la durée de l’incertitude, ce sont les écarts de cette durée entre les élèves suivant leur niveau scolaire qui sont apparus au grand jour, avec l’absence de pastille verte.
Ces éléments que Parcoursup a permis de mettre en lumière
Il y a enfin et surtout tous ces éléments que Parcoursup n’a pas créés mais a permis de mettre en lumière et qui constituent pour le Sgen-CFDT les principaux sujets d’action et de revendication. En voici donc une liste non exhaustive :
– le sous-investissement dans l’Enseignement Supérieur et notamment les universités ;
– les inégalités sociales, territoriales et la ségrégation scolaire ;
Sur tous ces sujets le Sgen-CFDT n’a pas attendu Parcoursup pour être actif, constructif et critique. Il poursuivra son action, convaincu que c’est en s’attaquant à ces maux plus profonds que l’on pourra améliorer l’entrée dans le supérieur des prochaines générations de lycéen·nes.