L’application APB est-elle le bon coupable ?

APB est un outil qui ne dialogue pas avec ses utilisateurs. Le dialogue et la construction du parcours sont donc à effectuer ailleurs. Le projet d’orientation des lycéens doit se construire du cycle 4 à la classe de terminale.

Qu'est ce qu' APB ? Son utilité, son fonctionnement, ses limites... APB est une application efficace pour gérer l’admission dans l’enseignement supérieur. Par méconnaissance de son mécanisme de fonctionnement, elle est accusée à tort de mal fonctionner. La vraie problématique réside dans la préparation de l’orientation et dans les capacités d’accueil de l’enseignement supérieur.

Qu’est-ce qu’APB ?

Admission Post Bac (APB) est un portail national qui permet au futur étudiant de :

  • S’informer sur les cursus offerts et les établissements d’enseignement supérieur
  • Émettre des vœux de poursuite d’études
  • Suivre son dossier de candidature
  • Répondre aux propositions d’admission
  • Effectuer ses démarches de pré-inscription

C’est donc essentiellement  un outil permettant la gestion des flux des élèves, créé pour maximiser l’occupation des places dans les formations, et qui n’ a donc jamais eu pour objectif d’assurer une place à tous les lycéens !

Que fait APB ?

APB recense les vœux du futur étudiant et lui fait une proposition d’admission, dans la limite des places disponibles, qui correspond à son vœu classé au rang le plus haut.

  • Pour les filières sélectives, les établissements d’accueil paramètrent les capacités d’accueil  et les modalités de sélection (notes, appréciations…)
  • Pour les autres filières, selon le code de l’éducation (L612-3), seul le baccalauréat (ou équivalent) est une condition d’accès.
    L’article L612-3 précise : « Lorsque l’effectif des candidatures excède les capacités d’accueil d’un établissement, constatées par l’autorité administrative, les inscriptions sont prononcées, après avis du président de cet établissement, par le recteur chancelier, selon la réglementation établie par le ministre chargé de l’enseignement supérieur, en fonction du domicile, de la situation de famille du candidat et des préférences exprimées par celui-ci. » C’est après que peut intervenir le tirage au sort en fonction des capacités d’accueil des formations.

APB ne doit pas être une machine à discriminer suivant le degré d’information des usagers !

Pour le Sgen-CFDT, il faut dépasser le clivage du système post-bac entre formations sélectives et non sélectives, puisque celui-ci crée une gestion différenciée des flux d’élèves, en fonction des places et des formations disponibles. Cette  partition génère inévitablement une injustice qui contribue à la démotivation  et accentue la difficulté des étudiants.

L’outil APB  n’est donc pas en cause dans l’insuffisance des places disponibles ni dans les critères utilisés pour choisir les étudiants. Mais son fonctionnement  doit être rendu totalement transparent et  compris par tous les utilisateurs, élèves, parents et professionnels :

 

Comprendre APB, une nécessité

Son paramétrage et ses conséquences dans les affectations doivent être  facilement compris par tous les utilisateurs, élèves, parents et professionnels:

Comprendre APBIl y a 2 étapes essentielles pour les élèves :

  • l’étape de saisie des vœux
  • l’étape des résultats d’affectation et des décisions à prendre pour les accepter ou les refuser

 

La première étape s’effectue durant l’année scolaire, dans les les lycées. Ils doivent donc dispenser, à l’intention des familles, et de façon systématique, une information sur le fonctionnement d’APB et un accompagnement à la saisie des vœux, tout au long du processus.

Cette information est indissociable de la construction active du projet d’orientation de l’élève.

La deuxième étape se fait elle-même en plusieurs phases (les « tours » d’affectation), en fin d’année scolaire et alors que les élèves ne sont plus dans les établissements mais seuls pour prendre les décisions sur l’acceptation ou pas des affectations proposées. Or cette phase là souffre d’un manque de dialogue et d’accompagnement des familles et cela est particulièrement préjudiciable à certains élèves. Cette année, s’est rajoutée une grande inquiétude à cause d’un nombre important d’élèves sans aucune proposition d’affectation définitive à l’issue du premier tour.

Le Sgen-CFDT exige du ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation une décision politique prenant en compte l’évolution des effectifs des bacheliers et l’indispensable transparence du fonctionnement de l’application APB.

 

APB et l’orientation

APB et l’orientationAPB est un outil qui ne dialogue pas avec ses utilisateurs. Le dialogue et la construction du parcours sont donc à effectuer ailleurs.

Le projet d’orientation des lycéens doit se construire du cycle 4  à la classe de terminale dans le cadre du parcours Avenir, qui nécessite un dialogue constant avec l’élève et sa famille. Les équipes éducatives au lycée, mobilisées dans le cadre du continuum Bac-3/Bac+3 doivent accompagner mieux encore les élèves dans leur choix de vœux cohérents pour réussir leur poursuite d’études.

Travailler finement sur les compétences et l’orientation active.

A court terme l’Accompagnement Personnalisé (AP) doit être mieux utilisé pour préparer une orientation éclairée et travailler les compétences attendues dans les formations envisagées. Les liens entre l’enseignement scolaire et supérieur doivent se développer. Des systèmes de remise à niveau doivent aussi être développés pour ne pas enfermer les jeunes dans des filières choisies trop précocement.

A plus long terme, ce changement de fond doit passer par une évolution du baccalauréat, devenu un élément de blocage de notre système éducatif.