Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche agricole

Le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche agricole, agroalimentaire et vétérinaire (CNESERAAV) du 19 octobre 2023 a abordé la question de l'ouverture des places aux concours (étudiants) dans nos écoles et l'organisation d'un nouveau concours de recrutement expérimental à ONI

Concours expérimental recrutement ONIRIS

L’école d’ingénieur d’ONIRIS connaît depuis quelques années une baisse inquiétante du nombre d’étudiant.es. L’administration durant ce CNESERAAV a proposé la mise en place d’un concours de recrutement expérimental (4 ans) basé sur l’étude des dossiers et la conduite d’entretiens.

Pour le Sgen-CFDT le recrutement d’élèves ingénieur dans la filière agro-alimentaire est un sujet de préoccupation de longue date. Nous avons directement interpellé le ministre, le 20 juillet 2022, lors d’une audience consécutive à sa prise de fonction.

La désaffection des études en agro alimentaire touche l’enseignement technique ET supérieur du MASA. L’image des industries alimentaires est dégradée. Ces métiers n’attirent plus. Dans le contexte universitaire actuel, la désaffection des classes préparatoires est généralisée à toutes les filières. Les universités offrent des formations professionnalisantes concurrentielles des diplômes d’ingénieur. Les écoles d’ingénieur agronome peinent de plus à plus à remplir. Seules les écoles vétérinaires, sans concurrence à l’université, tirent leur épingle du jeu. Cette situation déséquilibre totalement le fonctionnement du concours A, les membres du CNESERAAV le savent bien.

La filière ingénieur d’Oniris cumule tous les handicaps et forme le révélateur d’une situation générale compliquée pour toutes les écoles d’agronomie. La réponse aux difficultés de recrutement ne peut donc pas être que locale. Le Sgen-CFDT demande:

  • La mise en place d’une politique de communication intense sur l’intérêt et les atouts des différents métiers des industries alimentaires et leur évolution anticipée dans les cursus de formation pour une adaptation aux transitions sociétales en cours. Tous les acteurs de la filière doivent y participer.
  • La définition par la tutelle d’une stratégie pour les établissements. Les personnels d’Oniris sont déboussolés par la succession d’annonces contradictoires sur leur avenir et ce depuis plus de 20 ans. La menace de fermeture de ce cursus à brève échéance les conduit à l’abattement.

Le Sgen-CFDT voudrait savoir lors de ce CNESERAAV:

  • Quelle sera la structuration de l’enseignement supérieur agronomique et agro-alimentaire pour les 10 années à venir ? Les feuilles de route données aux directeurs d’établissement précisent-elles des projets de fusion d’établissements ou de fermeture de cursus? Si oui lesquelles ?
  • Pour Oniris, quelles garanties donnez-vous à l’établissement pour que l’expérimentation aille à son terme ?

En réponse, le président du CNESERAAV a indiqué que ce recrutement expérimental est justifié. L’école d’ingénieur en agroalimentaire rencontre des difficultés à couvrir le nombre de places ouvertes par le ministère. Cette formation a un bon taux d’insertion. Les rémunérations des nouveaux diplômés sont attractives.

Expérimentation sur 4 ans

Le futur vivier de recrutement sera constitué de titulaires de L2 ou équivalent et de candidats à la voie CPGE BCPST admissibles qui sont sans proposition d’intégration ou non-admissibles mais ayant validé 120 crédits ECTS. En revanche, cette voie de recrutement n’autorise pas l’école à recruter des étudiants en concurrence des voies d’accès du concours commun agro. La durée des études en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur est de cinq ans pour les étudiants admis juste après le baccalauréat et de trois ans pour les étudiants admis en 2ème année du cycle préparatoire. Trois voies d’accès caractérise le concours organisé par Oniris.

L’administration lors de ce CNESERAAV a affirmé que ce ne sont pas des concours pour « une école au rabais ». 25 places seront ouvertes pour la première année, ventilées sur les différentes voies de recrutement.

Pas de projet de fermeture en vue

L’administration a également précisé qu’elle n’envisageait pas de fermer l’école d’ingénieur ou d’engager une restructuration mais une plus grande collaboration entre Rennes et Nantes. Par contre, l’administration a la responsabilité d’utiliser avec justesse les moyens mis à sa disposition pour réaliser ces missions.

En 2026, L’administration évaluera ce dispositif. Le pacte et la nouvelle loi d’orientation agricoles prévoient un renouvellement des générations des agriculteurs mais aussi des métiers de l’industrie agroalimentaire. Il faut former 30 % de plus des effectifs dans la transformation. Dans l’enseignement supérieur, nous avons déjà atteint + 20% en dépit de l’infléchissement démographique. Il ne nous reste plus que 10% à atteindre.

Le ministère candidate, dans le cadre de France 2030, pour obtenir les moyens pour faire une grande campagne sur les formations agro afin de renforcer leur attractivité. Le grand public connait la plupart de nos écoles d’agronomie (les ex-ENSA) et leurs formations. Ce n’est pas le cas de l’agroalimentaire, surtout sur Oniris. Le concours commun mis en œuvre entre l’Institut Agro et Oniris a permis à Oniris de gagner 25 étudiants. Il faut ouvrir de nouvelles possibilités, notamment de recruter parmi des parcours physique chimie, ou des déçus des concours agro véto et autoriser Oniris à faire des recrutements dans ces populations. Ce concours est national.

Evolution des effectifs étudiants : objectifs 2030

L’enseignement supérieur agronomique et de paysage (public et privé) s’est engagé dès la session 2017 à augmenter ses effectifs de 20% à horizon 2030, en proposant davantage de places dans les établissements d’enseignement supérieur (écoles d’ingénieurs, du paysage et écoles nationales vétérinaires). L’objectif du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles est d’accueillir plus 75% d’étudiants vétérinaires et 30% d’étudiants ingénieurs agronomes supplémentaires à l’horizon 2030 (référence 2017).

Les effectifs des établissements (publics et privés) d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire (ENV) et de paysage augmentent globalement de 2% dans les cursus de référence et atteignent 16 835 à la rentrée 2023 (hors césures). On constate le dépassement de l’objectif de 16 000 étudiants initialement fixé pour 2025. Le projet de loi de finance 2023 a prévu une nouvelle augmentation de la taille des promotions dans les ENV (120 en 2012, 140 en 2014, 160 en 2018, 180 en 2023) avec les moyens associés.

Ce que veut le Sgen-CFDT:

Pour le Sgen-CFDT, dans les cursus où le recrutement augmente actuellement et va augmenter, le constat est qu’on ne sait plus comment accueillir les étudiants. Les cours magistraux dans des amphi parfois trop petits posent problème. Le dédoublement des TP/TD mobilise des enseignants déjà au taquet. Tout cela demande plus de moyens en adéquation avec l’augmentation des besoins de ces écoles ! Les personnels sont sous pression, parfois au bord du burn-out. Certains songent à partir. Pour certains, c’est déjà le cas. Pour le Sgen-CFDT, Il faut qu’on donne des moyens à nos écoles. Le prochain CNESERAAV (mi-décembre) abordera ce point.

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Article co-rédigé avec Chantal Thorin (Oniris)