Serpent de mer? Vaine revendication? Ou bien prendre modèle sur le combat engagé contre le projet de réforme des retraites et engager un véritable rapport de force pour obtenir, enfin?
Le mercredi 18 janvier 2023, l’ensemble des organisations syndicales représentatives au ministère de l’Éducation nationale, dont le Sgen-CFDT, a participé à la réouverture des concertations sur la rémunération des enseignants. Le rendez-vous de ce jour était annoncé dès l’automne dernier Il marque la reprise de la concertation après les réunions d’octobre et novembre, avec un budget connu pour 2023.
Rémunération des enseignants : Un calendrier et une méthode de travail mais pas d’annonce !
Le ministre Pap Ndiaye n’a pas fait d’annonce sur le fond. La réunion visait à confirmer un calendrier de travail après l’adoption du budget 2023 de l’Éducation nationale et la tenue des élections professionnelles.
Il a rappelé les enveloppes budgétaires disponibles pour les mois de septembre, octobre, novembre et décembre 2023 (avant de basculer en année pleine en 2024 pour un montant trois fois plus élevé) :
- 635 millions d’euros pour des mesures salariales inconditionnelles que le gouvernement appelle « socle », exit le quasi nouveau statut que les nouveaux personnels auraient été contraints d’accepter ;
- 300 millions d’euros pour rémunérer des missions complémentaires existantes ou nouvelles que le gouvernement appelle « pacte ».
Ces enveloppes concernent les enseignant.e.s du 1er degré, les enseignant.e.s du 2nd degré (certifié.e.s, agrégé.e.s, PLP, professeur.e.s d’EPS), les CPE, les PsyEN..
Le 24 janvier, le ministère présente ses propositions et les syndicats, comme il se doit, font des propositions alternatives sur les deux volets avant une réunion conclusive pour le moment programmée au 13 mars. Pour les autres catégories de personnels de l’Éducation nationale, le directeur général des ressources humaines est en charge d’un agenda social afin là aussi de définir par la concertation les mesures pour les personnels non enseignant. Le Sgen-CFDT demande qu’il concerne les titulaires et les contractuels de tous les métiers.
Pour le Sgen-CFDT, travailler plus pour gagner plus, c’est non ! Reconnaître la réalité du travail des enseignants et leur redonner une juste place dans la société française, c’est oui !
Se concerter oui .. mais pour redonner du sens au travail des enseignants, reconnaître la réalité du travail des enseignants .. Non les enseignants ne font pas 18 heures de travail par semaine !!! … Cela passe certes par une revalorisation de la rémunération de tous les personnels de la filière enseignante, mais aussi par une amélioration de leurs conditions de travail , la réduction des inégalités et une vraie prise en compte de leur place essentielle dans la société !
Les enseignants sont las, éprouvés et écoeurés par les verbigérations du gouvernement actuel ainsi que d’une grande partie des précédents gouvernements. Ils sont éprouvés par des discours médiatiques et politiques dénigrant le travail des enseignants … Non ils ne sont pas toujours en vacances !! Non ils ne sont pas toujours en grève !!… Ils sont écoeurés quand ils demandent reconnaissance, écoute, respect, considération …. et qu’on leur répond uniforme à l’école et missions complémentaire ! Quelle médiocrité affligeante ! Un enseignant travaille, en moyenne, près de 45 heures par semaine , voire bien plus avec la multiplication des tâches à laquelle il a dû faire face ces dernières années ! Le travail des enseignants s’est radicalement transformé en quelques années , avec notamment les enjeux d’accompagnement des élèves, de l’école inclusive… Doit-on là aussi aller jusqu’à 64 ou 65 heures par semaine, histoire de tout aligner, retraite comme travail hebdomadaire ? Doit-on négocier le taux des heures de travail de nuit ? Un enseignant a une immense conscience professionnelle, prouvée lors de la crise Covid en 2020 …. Mais aujourd’hui, le monde enseignant est au bord de la rupture …. Et non la sécurité de l’emploi n’est pas un « privilège » qui doit tout compenser ! Sinon, pourquoi la crise des vocations actuelles ?
L’attente est très forte du côté de tous les personnels de l’Education … On ne peut les décevoir une énième fois ! Actes forts et non promesses sur le sable !
Au-delà des enseignants, cela concerne toutes les catégories d’agents. C’est un vaste chantier catégoriel à engager mais pour obtenir du concret et de réelles avancées. Ce chantier catégoriel, doit être articulé au futur chantier fonction publique. Dans les discussions fonction publique qui doivent s’ouvrir dans les prochains jours, la CFDT fonction publique demande des mesures générales pour faire face à l’inflation avec la revalorisation de la valeur du point d’indice et que le travail annoncé sur les grilles indiciaires soit vecteur de revalorisation des agents publics et d’adaptation des grilles à la réalité des carrières. Ces mesures indiciaires doivent s’ajouter aux mesures que le ministère de l’Éducation nationale prendra pour la filière enseignante. La rémunération des enseignant.e.s a décroché de celle des autres agents de catégorie A depuis une trentaine d’année, c’est aussi cet écart qu’il faut réduire.
« Alors, non au travailler plus pour gagner plus, ! Stop aux campagnes de dénigrement ! Oui pour reconnaître la réalité du travail des enseignants et leur redonner une juste place dans la société française ! »
Pour le Sgen-CFDT, il faut déjà engager une vraie et notable revalorisation des salaires des enseignants. Il propose de doubler puis tripler l’ISAE, l’ISOE part fixe, IFIC et équivalents, ce sont des indemnités fixes versées à toutes et tous sans risque d’inégalité femmes-hommes. D’autres propositions avaient déjà été faites en novembre dernier. Quant aux prétendues « missions complémentaires » ou partie « pacte », il suffit simplement de reconnaitre les missions déjà exercées par de nombreux enseignants, missions souvent non reconnues et donc non payées ! Les intégrer dans le service d’enseignement est l’objectif final à atteindre. Certes, si le budget délégué à ce vaste chantier de revalorisation est significatif et plus important pour la rémunération des enseignants que les années précédentes, il reste insuffisant pour atteindre une revalorisation de l’ordre de 10% pour chacun ! Il est temps de faire un choix clair et franc pour le gouvernement.
Mais il faut aussi engager, plus largement, une vraie réflexion sur la valeur Travail, le sens du travail, la qualité de vie au travail, les inégalités Homme/femme en ce domaine.