Le défi du menu à 1 € : entre engagement et manque de moyens

Depuis la loi du 16 avril 1955, date de la création des œuvres universitaires, les CROUS et ses personnels ont contribué à la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Depuis la crise du Covid-19, les Crous jouent un rôle central dans le soutien aux étudiants en situation de précarité. Parmi les mesures phares mises en place, le menu à 1 € représente un levier essentiel pour garantir l’accès à une alimentation équilibrée à moindre coût. Pourtant, malgré la volonté politique affichée, sa généralisation à tous les étudiants se heurte à plusieurs obstacles de taille : manque d’infrastructures adaptées, pénurie de personnel et conditions de travail dégradées pour les agents.

Des infrastructures inadaptées pour une montée en charge

L’un des premiers freins à la mise en place du menu à 1 € pour tous les étudiants réside dans l’absence de locaux adaptés. Les cuisines des restaurants universitaires (RU) ne sont pas dimensionnées pour répondre à une demande aussi importante, et les espaces de stockage des denrées alimentaires sont souvent insuffisants. Face à une augmentation du volume de repas à produire, ces limites logistiques compliquent la gestion des stocks et l’organisation du travail des équipes en cuisine.

En parallèle, l’accueil des étudiants devient un véritable casse-tête. Dans de nombreux établissements, le manque de places assises et la vétusté des infrastructures limitent la capacité des RU à servir plus de repas. Il en résulte des files d’attentes interminables et une dégradation des conditions de restauration pour les étudiants comme pour les agents.

Une main-d’œuvre en sous-effectif et sous pression

Si les infrastructures sont un problème majeur, le manque de personnel constitue un obstacle tout aussi préoccupant. Depuis la crise sanitaire, les agents du Crous sont en première ligne pour garantir un service essentiel aux étudiants. Pourtant, la reconnaissance de leur engagement fait défaut :

  • Un manque de postes criant : avec l’augmentation de la demande, les effectifs actuels ne suffisent plus pour assurer un service de qualité. Les recrutements sont rares, et les départs ne sont pas toujours remplacés, accentuant la charge de travail sur les agents en poste.
  • Des conditions de travail difficiles : l’intensification du rythme de travail, et le manque de poste pèsent  lourdement sur le moral des équipes.
  • Des rémunérations peu attractives : l’écrasement des grilles salariales et la faiblesse des salaires rendent le secteur peu attractif, rendant difficile le recrutement de nouveaux agents.

Donner aux Crous les moyens de leur mission

L’engagement des agents du Crous auprès des étudiants est indéniable. Mais pour qu’ils puissent continuer à assurer leur mission dans de bonnes conditions, encore faut-il leur en donner les moyens. Cela passe par :

  • Un renforcement des effectifs, avec des recrutements à la hauteur des besoins.
  • des infrastructures , afin de permettre un stockage et une distribution plus efficaces des repas.
  • Une revalorisation salariale et une révision des grilles de rémunération, pour rendre le métier plus attractif et éviter l’épuisement des agents.

Le menu à 1 € pour tous c’est que le risque de voir ce dispositif devenir une contrainte insoutenable pour des équipes déjà à bout de souffle.